Le Kintsugi est un art ancestral japonais qui consiste à réparer un objet en le magnifiant, par un processus long et minutieux. Ainsi l’objet retrouve une seconde vie ou ses fêlures sont mises en valeur. En art thérapie, le Kintsugi inspire une démarche de résilience ou l’on accepte ses traumatismes, ses difficultés pour repartir sous une nouvelle forme qui tire sa beauté de ses blessures également
Nos cicatrices physiques et mentales racontent qui nous sommes.
Le Kintsugi invite à apprécier l’imperfection et à sortir des modèles standardisés et lisses.
Affirmer son identité avec ses multiples facettes, ses failles, ses morceaux recollés nous rend uniques dans notre façon d’être au monde.
Comme le dit Céline Santini dans son livre « Kintsugi, l’art de la résilience » que seraient les célèbres statues La Victoire de Samothrace avec sa tête et La Vénus de Milo, si elle avait ses bras ?
La lenteur et le processus de transmutation sont les maitres-mots du Kintsugi
Les étapes sont nombreuses et toujours intercalées de périodes de séchage, de repos :
- nettoyage de l’objet
- différentes phases d’assemblage, de collages pour se rapprocher parfois de l’identique mais aussi enrichir l’objet d’autres facettes artistiques.
- colmatage des fissures
- ponçage
- différentes phase de laquage, avec de l’urushi qui est une laque du Japon d’une composition incroyable : une sève purifiée, de la colle de farine de riz, de la poudre de terre cuite, du charbon de magnolia entre autres.
- et enfin saupoudrage d’or et polissage avec une agate.
Ce que je trouve formidable dans l’art du Kintsugi, c’est cette mobilisation totale :
-physique : art manuel demandant une grande précision
-mentale : la créativité, le soin de bien suivre le processus, l’art d’attendre
-émotionnelle : juger aussi par son cœur quelle est la meilleure transformation pour que cet objet auquel on tient énormément parfois, raconte son histoire et démarre une seconde vie.
Voilà la force de l’art thérapie basé sur le Kintsugi : mobiliser toute son énergie, tout son être pour accepter, guérir et renaitre.
Le processus ne peut être que lent. Son but est de nous faire passer par les différentes étapes du deuil de quelqu’un ou de quelque chose: de l’acceptation de la situation jusqu’à la renaissance vers un autre soi.
De la résilience
« La résilience est la capacité à réussir, à vivre, à se développer en dépit d’adversité » Boris Cyrulnik
La notion de résilience a été récemment mise en lumière en France par Boris Cyrulnik notamment. Aux États-Unis c’est un terme d’usage courant, qui reflète un état d’esprit optimiste. Quoi qu’il arrive, on pense qu’il y a toujours une happy end possible.
Cet état d’esprit optimiste ouvre aussi sur le droit à l’erreur, ainsi que le droit au pardon pour certaines fautes du moment qu’on les reconnait et que l’on s’en repent.
Comme le dit Boris Cyrulnik le malheur n’est jamais pur malheur, ni même le bonheur.
De l’adversité nous pouvons malgré tout sortir grandis, trouver quelques touches de positif dans les moments difficiles, telles ces œuvres uniques qui arborent avec fierté l’or et les cicatrices.
« Chaque blessure est une leçon, et chaque leçon nous rend meilleurs. » Georges RR Martin
Recommandations de lecture:
Kintsugi, l’art de la résilience, de Céline Santini : Un excellent ouvrage qui explique en détail le processus de Kintsugi et une relecture en art thérapie.
Céline Santini nous fait voyager à travers différents exercices et méthodes de développement personnel. Ainsi nous pouvons sentir et définir quel est notre propre chemin de résilience. Un livre riche d’exemples personnels et à travers lequel on se sent accompagné.
Le site esprit-kintsugi.com
video des étapes du Kintsugi: Interview de Myriam Greff, artiste, maitre dans l’art du Kintsugi
Video TEDx : Kintsugi, the art of broken