Vous avez l’impression de ne pas être complètement épanoui(e) au travail ? Vous êtes parfois en quête de sens au niveau professionnel ?
L’Ikigai nous emmène sur le chemin d’une réflexion profonde sur notre raison d’être en faisant voler en éclats la séparation classique entre ce qui relève du privé ( nos valeurs, talents personnels, rêves d’enfants, aspirations profondes) et la vie professionnelle.
Les points abordés dans cet article:
- Qu’est-ce que l’Ikigai ?
- Trouver sa voie avec l’Ikigai
- Une démarche pour révéler et construire sa raison d’être
- L’Ikigai et l’entreprise
Qu’est-ce que l’Ikigai ?
Choisissez un travail qui vous passionne et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie. Confucius
Ce concept d’origine japonaise réunit la notion de iki (« vie » ou « être en vie ») et gai (« ce qui vaut la peine et a de la valeur »). L’Ikigai pourrait se traduire par « ce pour quoi la vie mérite d’être vécue ».
Dans la logique de l’Ikigai, il est question de se connecter à nos propres forces, valeurs et aspirations en lien avec le monde qui nous entoure, pour trouver une activité qui ait du sens pour nous et dans laquelle on s’épanouit vraiment.
Trouver sa voie grâce à l’Ikigai
Là où jusqu’alors nous pensions protéger notre équilibre en sacralisant la dichotomie vie privée/ vie professionnelle, l’Ikigai dépasse cette dualité pour se concentrer sur une raison d’être qui ne laisse de côté, ni les ambitions et besoins professionnels (reconnaissance, développement, salaire), ni nos valeurs personnelles, ce qui nous anime et notre façon d’être au monde.
L’Ikigai évolue au fil des âges, des situations, c’est un fil conducteur, une boussole pour trouver sa voie à chaque étape de la vie.
La démarche
Il s’agit de s’interroger avec sincérité sur les 4 éléments circulaires.
1-Ce que vous aimez faire :
Commencez par noter, les activités que vous aimez faire, toujours sans vous soucier si elles relèvent de la sphère privée ou professionnelle.
Pensez aux activités dans lesquelles vous perdez la notion du temps, qui vous donnent de l’énergie, qui vous motivent et dans lesquelles vous trouvez du sens.
Ce que vous aimiez faire étant enfant
Dans son livre, « Trouver son Ikigai », Christie Vanbremeersch nous invite à nous replonger dans nos rêves d’enfant. Quels étaient-ils ? Notamment ce que nous n’avons pas poursuivi car jugés irréalistes, ou sans « débouchées professionnelles viable ».
Ces élans qui se sont manifestées très tôt et dont vos parents peuvent témoigner : inventer des histoires, inventer des règles du jeu, créer des objets qui n’existent pas avec toute l’application et le soin dont vous étiez capable à vos 4 ans.
Il ne s’agit pas de les prendre tels quels, mais de voir si vous avez pu dérouler ce fil conducteur par la suite. Comment cela a-t-il été accompagné ou refréné par votre entourage (famille, école, etc.)? Qu’est-ce que cela évoque encore en vous ? des regrets, de l’énergie positive, de l’indifférence ?
Pourriez-vous redonner à ce rêve d’enfant une place dans votre vie ? Imaginez et surtout ressentez ce que l’idée produit en vous.
La jalousie et la frustration comme indicateurs :
Pensez aux dernières fois que vous avez éprouvé de la jalousie ou de la frustration, nous propose Christie Vanbremeersch.
Écrivez quel était le motif de jalousie ou la personne enviée. Il ne s’agit pas de se juger mais d’accepter ce sentiment et de le dépasser pour voir quel est le désir non assouvi qui se cache derrière. Quel est l’élan d’envie que nous n’avons pas osé suivre, et que nous avons volontairement étouffé.
Une fois identifié, qu’est-ce que cet élan provoque en vous ? Voyez-vous comment lui faire une place, lui donner une nouvelle chance ?
Au passage il est intéressant d’identifier la peur qui a refréné cette envie.
Exemple de ce que vous aimez peut être faire : j’aime faire du surf, j’aime quand j’ai pu aider quelqu’un, j’aime l’informatique, j’aime voyager. C’est vrai je suis un peu jaloux de mes amis qui lancent leur autoentreprise. Je me dis qu’ils prennent vraiment trop de risque, mais j’avoue que leur vie professionnelle doit être passionnante.
2- Ce que vous savez faire, ce pour quoi vous êtes doué(e)
Vos compétences qu’elles soient exercées dans le domaine professionnel ou personnel (associations, loisirs, entourage familial ou amical), ce que vous savez, savez-faire, vos talents, là où vous êtes meilleur(e) que la moyenne ou carrément doué(e).
- Les domaines ou vous êtes meilleur(e) que la moyenne
- Ce pour quoi vous êtes reconnu(e).
- Des coups durs ou vous avez su vous relever et apprendre.
- Les choses positives que les autres disent ou ont dit de vous, vos parents, professeurs, collègues, clients, amis, etc.
- Pour quoi font-ils appel à vous ?
- Considérez toutes vos réalisations
- Considérez aussi vos échecs et les apprentissages que vous avez su en tirer, sur lesquels vous avez capitalisé
Exemple : la comptabilité, classer, analyser, accompagner les petites entreprises dans leurs premiers pas en gestion, finance et comptabilité, les réseaux sociaux, rédiger, écrire de la fiction, la photo, organiser des vacances, notamment les vacances en groupes avec mes amis. Me relever après un coup dur, etc…
Celui qui ne connaît pas sa propre valeur est voué à l’échec. Hazrat Ali-ul-Murtaza
3-Ce pour quoi vous pouvez être payé(e)
Pour quelle activité êtes-vous payé(e) aujourd’hui ?
Pour quel type d’activité avez-vous déjà été payé(e), auparavant ? ou pourriez-vous l’être ?
Il n’est pas encore temps de réfléchir à la rentabilité d’une idée.
Pour quelle activité souhaiteriez-vous être payé(e) ?
Pour ouvrir la réflexion : Si votre quotidien était empli de vos passions et d’énergie positive. Si tous les matins vous vous leviez avec un sentiment d’utilité, de motivation pour une activité qui a du sens pour vous et qui vous met en lien avec vos passions ce qui vous anime, vos valeurs et le monde, de combien d’argent auriez-vous réellement besoin ?
Renversons la question, même si cela est absurde : Aujourd’hui, vous seriez prêt à payer combien pour avoir cette vie-là ?
Dans les interprétations que l’on trouve de l’Ikigai, cette troisième composante est abordée de manière rapide.
Il est intéressant de la voir comme un chemin de réflexion sur notre rapport/besoin d’argent, lié à :
- notre besoin de se sentir à l’abri
- notre peur d’en perdre, d’en manquer, de gaspiller
- la valeur de l’argent dans la société : comme référence de réussite, comme levier de puissance, comme but pour certains, comme pilier de l’histoire familiale.
4- Ce dont le monde a besoin
C’est la partie qui élève toute la démarche.
D’après vous, de quoi le monde a-t-il besoin ? Comment pourriez-vous contribuer, à petite ou grande échelle, à combler ses besoins pour rendre le monde meilleur ?
- Quels sont les besoins dans votre entourage professionnel, personnel, géographique ?
- Les publics avec lesquels vous êtes le plus à l’aise ?
- Les besoin des publics avec lesquels vous êtes le plus en lien, vous touchent-ils ?
- Quels sont les injustices, manques qui vous mettent en colère ?
- Si vous étiez un super héros vous voudriez vous battre pour quoi, qui ?
- Les souvenirs de vos belles actions envers autrui. Qu’aviez-vous fait ?
- Ce qui vous révoltait étant enfant ? et ce que vous en gardez aujourd’hui ?
Exemples de ce qui amène au monde : lutter contre la précarité dans sa ville. Élever ses enfants du mieux possible, donner accès à la culture, donner les moyen à autrui de se développer par la formation, fabriquer et vendre des vêtements adaptés, proposer une écoute inconditionnelle, Etre en lien avec ceux qui souffrent de solitude, sensibiliser à des causes, soigner, soutenir. Permettre de se régaler, de communiquer, de s’amuser, de se réconcilier, de découvrir, etc
Ce quatrième cercle permet de se relier au monde, se sentir à la fois utile aux autres et humble. Il s’agit de faire sa part, comme dans l’histoire du Colibri. Chacun agit à sa mesure. L’important c’est d’agir.
Etre relié aux autres est une étape indispensable sur le chemin du bonheur.
Au centre, se trouve l’IKIGAI, la conjonction parfaite de la passion, du sentiment d’accomplissement, de l’excellence et du lien au monde.
Une démarche pour révéler et construire sa raison d’être en lien avec le monde
L’Ikigai est une démarche de construction et de connaissance de soi plutôt qu’une révélation.
Interrogez des personnes qui vous connaissent bien et ont un autre regard sur vous.
La grande question, à laquelle on cherche à répondre lorsqu’on travaille sur son Ikigaï, est
“Quelle activité peut me permettre d’exprimer mes talents, au service d’une mission qui me tient à coeur, et qui me permet de gagner assez d’argent pour vivre comme j’ai envie.”
Ce qui invite aussi à revoir personnellement certains ratios :
-besoin d’argent/besoin de sens.
-besoin de briller, besoin d’amener aux autres.
-considérer la place des autres dans notre propre quête du bonheur.
On ne peut pas être heureux sans les autres. L’Abbé Pierre
L’Ikigai est un levier humain dans l’entreprise
Le salarié est pris dans un objectif d’entreprise, une mission de Groupe qui n’est pas forcément le sien. Comment se reconnaître, trouver sa place dans cette ambition pour ne pas se sentir en décalage, mais « embarqué » ?
Il est question de donner du sens, de permettre un équilibre, un « être soi » au travail.
Cette démarche a le vent en poupe et les entreprises ont tout intérêt à s’interroger sur les moyens qu’elles offrent à leurs salariés pour avancer vers leur propre Ikigai, au sein de l’entreprise.
En voilà quelques bénéfices :
- Fidéliser ses employés, ses talents, développer l’intrapreunariat.
- Favoriser l’implication, la motivation : Il a été prouvé maintes fois que quelqu’un qui connait et estime la valeur et l’utilité de son travail, est davantage impliqué et peut influencer son entourage professionnel dans le même sens. Comme le montre le témoignage de ce fameux laveur de vitre d’un gratte-ciel aux états unis, qui, loin de trouver son emploi routinier et ingrat, exprimait la fierté de participer au bien-être de ceux qui travaillaient dans cette tour et leur offrir une belle vue et davantage de lumière.
- L’employee advocacy. Il s’agit du mécanisme par lequel une entreprise rend ses salariés ambassadeurs de sa marque ou d’elle-même. Celui ou celle qui reconnait l’attention que lui porte son entreprise en tant que salarié(e) et en tant qu’individu sera naturellement enclin(e) à parler positivement de cette entreprise et à la mettre en avant sur les réseaux sociaux par exemple.
- Développer le bien-être et la qualité de vie au travail qui sont des leviers de motivation intrinsèques, mais préviennent aussi des absences et congés maladies.
Une réflexion utile à toutes les générations en entreprise
Des plus anciens jusqu’aux Millenials, se côtoient dans l’entreprise plusieurs générations et autant de manière de penser. Leurs attentes, freins et leviers de motivation sont différents.
L’Ikigai peut amener aux plus anciens une ouverture sur la transmission, leur permettre de se sentir pleinement utiles aux autres, en mettant à l’honneur leur savoir-faire, leur expérience, moins valorisé qu’il y a quelques décennies.
Pour les générations « du milieu » qui collectionnent parfois les concepts de rupture avec leur travail : Burn-out, Brown-out, Bore –out, cette démarche de réflexion amène vers l’équilibre.
Les Millenials sont sans ancrage et recherchent la rémunération, la flexibilité et le bien-être. Le schéma de l’Ikigai conforte leur besoin de qualité de vie au travail, de l’apport des valeurs personnelles dans leur activité et leur montre également tout l’intérêt de développer leur compétence, leur expérience et donc leur employabilité.
L’Ikigai est une démarche vers la raison d’être de l’entreprise
Si l’on adapte, la démarche de l’Ikigai à l’entreprise elle-même, cela fait écho à la fameuse « raison d’être » que différentes entreprises françaises ont formulé l’an dernier. Quelques mots pour humaniser l’entreprise et affirmer sa valeur sociétale : en quoi elle répond à ce dont le monde a besoin ?
Le client devient acteur principal du 4eme cercle de l’Ikigai, celui de droite. Il n’est plus seulement un ensemble de statistiques, il est humain on le rencontre, on le consulte pour élaborer et tester des produits des services, on le chouchoute.
L’espace de convergence des 4 cercles, correspondrait alors au Graal, d’une entreprise prospère, dont les salariés mettraient avec enthousiasme toutes leurs compétences, leur motivation au service de la satisfaction parfaite du client.
Le mot de la fin…
L’Ikigai est un outil intéressant pour trouver sa voie, à une époque ou les troubles de santé liés au travail sont de plus en plus identifiés.
Dans cette période de confinement nous sommes amenés à expérimenter un équilibre diffèrent entre vie professionnelle et vie personnelle, à revoir nos priorités, peut-être même nos aspirations. C’est une excellente occasion de rentrer dans la démarche d’introspection de l’Ikigai.
L’Ikigai n’est pas une révélation, mais une méthode de questionnement, un cheminement personnel que l’on peut mener avec l’aide d’un coach ou dérouler soi-même. Vous trouverez de nombreux livres sur le sujet. Voici quelques titres:
- « Trouver son Ikigai » de Christie Vanbremeersch , livre audio, Lizzie
- « Ikigai, les secret des japonais pour une vie longue et heureuse » de Hector Garcia et Francesc Miralles, Editions Pocket.